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II. SuisseDe la signification du rat dans les armoiries des Cavin de VuillensNous sommes redevables à M. Pierre-Yves Favez de Lausanne, éminent historien généalogiste, de recherches sur le sujet. En voici ses conclusions : « En matière héraldique, la présence d'animaux réels ou fabuleux est fréquente. Si certains, comme l'aigle ou le lion par exemple, se retrouvent souvent, d'autres, par contre, se rencontrent rarement: c'est le cas du rat. Celui-ci est reconnaissable à sa silhouette, d'après Manuel du blason de D.L. Galbreath et L. Jéquier, Lausanne 1977, p. 141, lequel fournit par ailleurs deux exemples : 3 rats passants contournés figurent sur le sceau de dom Pierre Rat, prieur de Burier en 1446 (fig. 304) et 3 rats passants accompagnent un chevron sur la reliure aux armes de Ratte, chargé d'affaire de France, à Vienne en 1772 (fig. 305). Mais il est si peu courant que Pierre Palliot, dans la Vraye et parfaite science des armoiries, Dijon-Paris 1660, rééd. Paris, Berger-Levrault 1979 t rédigé par articles thématiques, ne lui en consacre aucun; même son article « animaux », p. 24-26, qui en cite une vingtaine, ne le mentionne pas ! Et pourtant, on y rencontre une famille Le Rat - mais elle porte « d'azur à la licorne d'argent »! Selon l'Armorial vaudois, t. 1, p. 102 et pl. XIII, les Cavin de Vulliens portent « de sable à l'entrée de cave en perron d'or, ouvert de sable, sommée d'un rat passant au naturel », d'après une pierre sculptée au XVIIIe siècle à Vulliens; les émaux sont fournis par une peinture un peu postérieure dans laquelle le perron caractéristique est transformé en mur crénelé et le rat tient une clé dans sa gueule. Ces armoiries sont parlantes, une cave pour les Cavin, et le rat y est naturellement un animal familier. Il n'en faut pas d'autres raison, croyons-nous, pour figurer sur ces armoiries. Et comme c'est un animal héraldique rare, il constitue une originalité bienvenue; il leur donne de ce fait une caractéristique toute particulière » Rare ne veut pas dire automatiquement de qualité. Référons-nous à Michel Dansel et à son livre «Notre frère des ténèbres, le Rat » éd. Giterior, Paris, 1994 et commençons par une note tragique : « Au XVIIIe siècle, venus de la Caspienne, des centaines de milliers de rats traversèrent la Volga à la nage; ils ravagèrent la Hongrie, dévorant tout sur leur passage et chassant les habitants de leurs villages. Ils traversèrent l'Allemagne pour aboutir au Danemark ». Accusons aussi le coup lorsque le prof. Petit déclare : « Il est plutôt humiliant de voir la malice du Rat triompher de l'intelligence humaine » car le Rat arriverait en troisième position dans la hiérarchie de l'intelligence des mammifères terrestres après l'homme et le chimpanzé. Heureusement, il existe une légende selon laquelle le Rat respecterait la vigne laquelle symbolise une boisson sacrée, une source de vie mais aussi le sang du Christ. Alors pourquoi le monde chrétien n'aurait-il pas voulu dans son iconographie honorer ce rongeur ? La présence du Rat se retrouve dans toutes les religions, traditions et légendes. Un place de choix lui est réservée dans l'astrologie chinoise. Il est le leader des natifs des années 1900, 1912, 1924 et ainsi de suite. L'ancêtre Cavin de Vulliens qui a choisi le Rat pour emblème héraldique n'avait probablement pas eu connaissance de cette rhétorique. Peut-être a-t-il voulu tout simplement rendre hommage à un témoin muet de ses descentes en cave. Sautant de citation en citation comme un rat de baril en baril, nous avons essayé de montrer le côté honorable de gaspard, cet animal héraldiquement rare. |
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